Documents relating to the acquisition of the Codex Sinaiticus by Russia
(The Archive of Foreign Policy of the Russian Empire, AVPRI; the Russian State History Archives, RGIA)
Message to Chancellor A.M. Gorchakov from General N.P. Ignatiev,
dated 25 July / 6 August 1867
[fol. 263] Buyukdéré, le 25 Juillet / 6 Août 1867 № 200 Mon Prince, Votre Excellence n'ignore pas les regrettables dissensions qui s'étaient produites depuis quelque temps entre l'Archevêque de Sinaï et les religieux du couvent de Ste Catherine. Les subordonnés de Mgr. Cyrille élevent à sa charge de nombreux griefs, parmi lesquels un des plus importants est d'avoir disposé des revenus du couvent [fol. 263v.] dans un intérêt personnel. On reproche aussi, entre autres choses, à l'Archevêque, d'avoir cédé au Gouvernement Impérial le manuscrit de la Bible dite de Sinaï, sans obtenir en retour un bateau à vapeur, ainsi que les moines de Ste Catherine se croyaient autorisés à l'espérer. Il n'est pas facile de se prononcer définitivement sur la valeur de ces griefs, mais Mgr. Cyrille objecte au premier que, s'il y a eu de dépenses extraordinaires lors de son élection, elles auraient été faites par la Communauté elle-même; que, quant à la gestion des revenus depuis cette époque [fol. 264] il est prêt à en démontrer la régularité, pièces en mains et à demander un jugement. Je n'ai pu qu'applaudir à cette disposition de l'Archevêque et l'encourager à mettre fin à l'état anormal de ses rapports avec son diocèse qui ne se compose que d'un seul couvent. Toutefois sans paraître redouter une enquête, Mgr. Cyrille ne veut pas se soumettre au jugement du seul Patriarche de Jérusalem qui semble vouloir s'en arroger le droit, se basant uniquement sur l'ancien usage qui lui réserve le sacré de l'Archevêque de Sinaï. On se souvient de l'opposition du [fol. 264v.] Patriarche à l'élection du Mgr. Cyrille auquel il n'a pas cessé depuis de se montrer hostile. Pour sortir de la difficulté, je lui conseillai d'invoquer la compétence d'un tribunal ecclésiastique exceptionnel qui serait composé des quatre Patriarches en activité en même temps que de tous leurs prédécesseurs existants. Le concours de ceux-ci à l'enquête offrirait une garantie d'impartialité, car parmi les Patriarches actuels, celui d'Antioche a l'habitude invariable de suivre les opinions de son confrère de Jérusalem qui est perso- [fol. 265] nellement mal disposé pour l'Archevêque de Sinaï; quant à Mgr. Nicanor d'Alexandrie, son état mental et physique paraît ne pas permettre d'en attendre un avis canonique suffisamment réflechi, surtout dans une cause aussi complèxe. De plus, le verdict d'un tribunal ainsi constitué aurait cet avantage important que, s'il est rendu en faveur de Mgr. Cyrille, son autorité y gagnerait considérablement. L'Archevêque me promit de se conformer à mon idée dans un bref délai. En attendant, prenant en considération le vœu des deux [fol. 265v.] parties en litige, j'ai suspendu jusqu'au réglement de cette affaire la transmission des sommes destinées au couvent du M[on]t Sinaï qui passent par le canal de notre Consulat Général en Egypte. J'ai l'honneur d'être avec le plus profond respect, mon Prince, |
p>Bujukdere, 25 July / 6 August 1867,
No. 200 Your Excellency, You are well aware of the regrettable disagreements that arose some time ago between the Archbishop of Sinai and the monks of St Catherine's Monastery. Subordinates of Right Rev. Cyril press multiple charges against him, among the more important the case of his using community revenues for his own purposes. Among others, the Archbishop is accused of surrendering the Sinai Bible manuscript to the Imperial Government without obtaining a steamboat in return as St Catherine's monks had expected. It is not easy to determine whether the complaints are at all fair. Yet the former is repudiated by Right Rev. Cyril saying that any extraordinary expenses associated with his election were covered by the community proper; in all other cases, he is prepared to provide documentary evidence to justify his actions and go to the law. I could only approve of this position of the Archbishop and suggest that he should determine the abnormal relations with his diocese actually consisting of a single monastic community. In any case, Right Rev. Cyril does not seem to be afraid of the investigation, but he does not want to submit to the court of the Patriarch of Jerusalem alone, who, apparently, wishes to appropriate this right to himself, based only on the ancient tradition, according to which he ordains the Archbishop of Sinai. Everyone recalls him preventing the election of Right Rev. Cyril who remains the subject of his hostility. To overcome the difficulty, I advised him to demand an exceptional ecclesiastical court of four current patriarchs, and their living predecessors. The latter should provide a certain guarantee of fairness since the current Patriarchs of Antioch has an invariable habit of following the opinions of its Jerusalem brother, who personally dislikes the Archbishop of Sinai; as for His Holiness Nicanor of Alexandria, his mental and physical health seems to prevent a thought-out ecclesiastical judgment, particularly in this complicated case. Moreover, ecclesiastical sentence would have, if favoring Right Rev. Cyril, the advantage of enhancing his prestige. The Archbishop promised to follow my advice in the short run. In the meantime, taking into account the wishes of both litigants, I have delayed payment of the sums, delivered via our Consulate General in Egypt, to St Catherine's community until the conflict is settled. Your Excellency's most humble and faithful servant, |